LITURGIE du DIMANCHE

commentaire sur la Parole

 

Source d’eau vive
15 mars 2020 – 3e dimanche du Carême
R. DE ZAN



▪ Première lecture: Ex 17,3-7
▪ Psaume: 94(95), 1-2.6-9
Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur; écoutez la voix du Seigneur!
▪ Deuxième lecture: Rm 5,1-2,5-8
▪ Évangile: Jn 4,5-42

CÉLÉBRER AVEC ART

Préparation
• Couleur liturgique: Violet. • Les lectures du jour: Lectionnaire dominical et festif Année A. • Préface: Propre du 3e dimanche du Carême Année A. La Samaritaine et l’eau vive. • Fleurs: Indications déjà données pour le Carême. • Musique et chants: En ce troisième dimanche qui marque le parcours baptismal à travers le signe de l’eau, nous suggérons, au début de la célébration, le rite de bénédiction et d’aspersion. Pour le choix des chants, on tiendra compte du thème de l’eau.


Thème liturgique

Les dimanches du Carême de l’année A, les liturgistes voient un «parcours baptismal. À travers les diverses étapes dominicales de la Liturgie de la Parole, le chrétien est orienté à approfondir son baptême. Aujourd’hui, l’itinéraire du Carême (année A) est très proche de celui de l’époque patristique accompli par les catéchumènes qui seront baptisés dans la nuit sainte de la grande Veillée pascale. Les deux premiers dimanches – appelés «dimanches christologiques» - le croyant a plongé dans la personne de Jésus pour poser le fondement de sa démarche de conversion. En effet, en ces deux premiers dimanches, le chrétien a reconnu que la tentation est présente dans la vie de chaque personne et qu’il importe de l’affronter comme le Seigneur Jésus l’a affrontée. De plus, l’itinéraire de conversion a pour but de «devenir comme le Transfiguré-Ressuscité». Pour y parvenir, le chrétien est appelé par le Père à «écouter le Fils», c.-à-d. à faire de Jésus sa propre foi et sa morale.

Avec ce dimanche, le parcours baptismal commence dans sa forme explicite. Il s’agit d’un itinéraire à travers lequel la communauté chrétienne revisite la signification de son baptême pour pouvoir aller à la racine de la conversion. La communauté accomplit son parcours à travers trois grandes icônes tirées de l’Évangile de Jean: la rencontre de Jésus avec la samaritaine (troisième dimanche), la guérison de l’aveugle (quatrième dimanche), la résurrection de Lazare (cinquième
dimanche). Ce sont des textes que la liturgie de Vatican II a récupérés de la grande liturgie patristique.

La samaritaine sert de modèle pour ce cheminement. Dans un premier moment, la femme identifie Jésus comme étant un juif. Après que Jésus lui a offert l’eau vive, la femme fait le parcours de foi que le chrétien est appelé à faire. Elle reconnaît d’abord Jésus comme «Seigneur», puis comme «Prophète» et finalement – avec la confirmation explicite de Jésus – comme «Messie». Son parcours de foi est complété par la confession de foi de la communauté qui proclame Jésus «sauveur du monde» (cf. Jn 4,42). Ce parcours va de la connaissance historique à la connaissanceexpérience théologique et de foi. Les titres christologiques utilisés immédiatement par l’Église naissante constituent une très forte synthèse de l’identité de Jésus et du lien entre le disciple et le Maître. Ce projet de parcours s’enrichira au cours des dimanches suivants.

Le Lectionnaire
▪ Première lecture: Ex 17,3-7 ▪ Psaume: 94(95), 1-2.6-9 Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur; écoutez la voix du Seigneur! ▪ Deuxième lecture: Rm 5,1-2,5-8 ▪ Évangile: Jn 4,5-42


L’Évangile

Après avoir ajouté l’habituel incipit («En ce temps-là»), le Lectionnaire offre deux possibilités: la lecture intégrale (Jn 4,5-42) et la lecture brève (Jn 4,5-15.19b26.39a.40-42). La lecture intégrale a la caractéristique de clarifier tout le dialogue entre Jésus et la Samaritaine, dialogue à travers lequel on réussit à comprendre le «chemin» de la femme vers Jésus, approché en premier lieu comme homme et Juif, ensuite, peu à peu, comme Seigneur, Prophète et Messie. La lecture brève appauvrirait ce cheminement.

La longue péricope peut être subdivisée en quatre unités mineures. La première (Jn 4,5-18) où Jésus est appelé juif, propose le thème de l’eau. Dans la deuxième (Jn4, 19-26), où Jésus est appelé Seigneur, Prophète et Messie, présente le thème du «culte en Esprit et en vérité». La troisième unité (Jn 4, 27-38) est une longue parenthèse où se déroule le dialogue entre Jésus et ses disciples sur le thème délicat de la volonté de Dieu. La quatrième unité (Jn 4, 39-42), où Jésus est confessé comme
Sauveur du monde, présente le thème de la connaissance médiate et de la connaissance directe et personnelle du Maître.

La rencontre entre Jésus et la samaritaine s’ouvre par un dialogue qui a l’eau comme thème. C’est l’heure la plus chaude du jour. Jésus effectue un voyage. Fatigué par la route, il demande à boire à la femme. Rien d’étrange si ce n’est un détail: au cours du dialogue, Jésus se transforme imperceptiblement. Au début, il se présente comme celui qui demande de l’eau à la femme, tandis qu’à la fin, c’est lui qui offre l’eau à la femme. Quelle est cette eau que Jésus veut donner à la samaritaine?

Peu de temps après cette rencontre, au cours du dernier jour d’une grande fête liturgique, «Jésus, debout, s’écria: «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi! Comme dit l’Écriture: De son cœur couleront des fleuves d’eau vive». En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croient en lui. En effet, il ne pouvait pas y avoir l’Esprit, puisque Jésus n’avait pas encore été glorifié» (Jn 7, 37-39). Donc l’eau, dans les paroles de Jésus, a une valeur symbolique bien précise. Il s’agit du symbole de l’Esprit Saint. Jésus est Celui qui donne l’Esprit Saint. Mais à la samaritaine (et à chaque croyant) qu’importe l’Esprit Saint donné par Jésus?

Dans le monde rabbinique du temps de Jésus, la Torah était considéré comme un puits profond et riche en eau, qui était la sagesse. La sagesse n’était rien d’autre que l’ensemble des lois qui réglait la vie du croyant. Par conséquent, lorsqu’un rabbin (et Jésus était un rabbin) parlait du puits et de l’eau, il parlait sans doute de la Loi de Moïse et de la sa sagesse qui y était présente (cf. Si 1,26: «Désires-tu la sagesse? Garde les commandements, et le Seigneur la conduira vers toi»). À la lumière de Jn 7,37-39, le vrai puits, c’est Jésus et l’eau qu’il donne, c’est l’Esprit. Cela veut dire que la vraie Loi, c’est Jésus. Tout ce qu’il dit et fait constitue l’ensemble des normes pour le croyant»: elles sont la nouvelle sagesse. Dans ces gestes et dans ces paroles, il y a l’Esprit que Jésus donne de plusieurs manières (cf. la deuxième lecture Rm 5, 1-2.58).

Le message de Jésus à la samaritaine (et à chaque croyant) est clair. Dans la communauté de Jésus, on sait que les œuvres de la Loi ne sauvent pas: «Ainsi, par la pratique de la Loi, personne ne deviendra juste devant Dieu. En effet, la Loi fait seulement connaître le péché» (Rm 3,20). Jésus est la vraie Loi qui offre la vraie sagesse qui est l’Esprit: «Pour ceux qui sont dans le Christ Jésus, il n’y a plus de condamnation. Car la loi de l’Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus t’a libéré du péché et de la mort» (Rm 8, 1-2).

Ce que le Christ veut donner à la samaritaine, c’est l’eau de l’Esprit à travers ses paroles et ses actions afin que la samaritaine ne se confronte plus à une série de normes (devant lesquelles elle est seulement coupable), mais avec l’Esprit (devant qui elle peut se convertir et se réaliser selon l’Esprit). Tout ce qui suit est un dévoilement progressif de qui est Jésus, unique donateur de l’Esprit et sauveur du monde.


La première lecture

Sorti d’Égypte, le peuple d’Israël est dans le désert et il a soif. L’eau devient essentielle pour la vie. Dieu qui est «source d’eau vive» (cf. Jr 2,13) intervient par l’intermédiaire de Moïse. Le même bâton dont Moïse s’est servi pour ouvrir les eaux de la Mer Rouge, ouvre maintenant le rocher d’où jaillit l’eau salvifique. Ce lieu est celui où Israël a mis Dieu (Massa) à l’épreuve avec une constatation (Meriba). Dieu a voulu qu’Israël comprenne une donnée essentielle: la vie dépend de Dieu. Ce rocher dont jaillit l’eau vitale – par la lecture rabbinique que Paul en fait – c’est Jésus luimême: «tous, ils ont bu la même boisson spirituelle; car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ» (1 Co 10,4).


La deuxième lecture


Le bref passage de Rm 5,1-2.5-8 est un texte composite (les versets 3-4 ont été supprimés). Dans le texte actuel, le passage est subdivisé en trois moments: les versets 1-2 illustrent la justification par la foi; le v. 5 résume comment advient le don de l’amour de Dieu par l’intermédiaire de l’Esprit; les versets 6-8 expliquent en quoi consiste l’amour de Dieu. Comme nous pouvons noter, au centre du texte, il y a le don de l’amour de Dieu «par l’Esprit Saint qui nous a été donné».

R. DE ZAN